Les jeux vidéo violents réduisent-ils la criminalité ?
Les clichés ont la peau dure, c’est un fait. Lorsque les jeux vidéo sont évoqués par les médias généralistes et les personnes totalement étrangères à notre passion, des raccourcis sont souvent pris et les amalgames pleuvent facilement. Le plus courant est cette association terrible : le jeu vidéo rend violent.
Combien de faits divers ont été directement reliés à notre média en concluant : »le jeune tueur jouait à Call of Duty ou GTA » ? C’est un raccourci très courant qui ternit forcément l’image de l’industrie et diabolise le jeu vidéo aux yeux du grand public. Pire encore, ce sont souvent les hommes politiques, sensés être impartiaux, qui colportent cette mauvaise image.
Mais une étude récente pourrait bien tordre le cou aux idées reçues et à ces clichés en tout genre. Des chercheurs ont établi que, lorsque les ventes de jeux violents augmentent, la criminalité baisse. Oui, vous lisez bien, donc à la question : le jeu vidéo violent conduit-il à la violence ? La réponse est clairement non. C’est la psychologue Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des nouvelles technologies et des addictions, qui explique que : »Le jeu est un défouloir qui aide à extérioriser ses pulsions. La violence dans les jeux n’est pas là pour rien« .
Cette étude, intitulée « La violence dans les jeux vidéo et le ‘monde réel’: la rhétorique contre les données« , a tenté de faire le lien entre la violence dans le monde réel et les jeux vidéo. Les chercheurs de deux universités américaines ont comparé les ventes de jeux vidéo violents et les statistiques de criminalité, particulièrement celles sur les homicides et les voies de fait graves.
Tout d’abord l’étude se focalise sur la période 1978-2011 où un constat simple se fait : La violence a diminué et les ventes de jeux ont augmenté. Toutefois, il reste impossible d’établir un lien direct de causalité avec ces données, puisque ces résultats dépendent de bien trop de facteurs.
Ci-dessus, nous pouvons observer l’augmentation des ventes de jeux (graphique 1), la baisse des voies de fait graves (graphique 2) et la baisse des homicides (graphique 3).
Les chercheurs se dont donc penchés sur des analyses plus précises : ils ont comparé les ventes mensuelles des jeux vidéo violents sur la période 2007-2011 et les statistiques de criminalité. Et les résultats sont plus que probants : Les pics de vente de jeux vidéo violents (GTA, COD, etc.) correspondent aux baisses notables d’homicides et voies de fait graves, comme le montrent les graphiques ci-dessous.
Ventes de jeux video de 2007 à 2011, mois par mois
Homicides de 2007 à 2011
Voies de fait graves de 2007 à 2011
Bien évidemment, il faut être prudent avec de telles données de corrélation qui n’impliquent pas forcément une causalité, c’est d’ailleurs pourquoi Patrick Markey précise qu’ils n’ont pas juste étudié les données des ventes de jeux et de la criminalité sur ces périodes, ils ont également pris en compte plusieurs tendances comme les phénomènes cycliques (ex : hausse de la criminalité pendant l’été).
Le résultat de cette étude démontre de manière significative que la corrélation n’est jamais positive, elle est toujours statistiquement négative, ce qui, à défaut de pouvoir conclure que le Jeu Vidéo fait baisser la criminalité, tend au moins à le dédouaner quant à son implication dans les crimes.
Même si en tant que joueurs nous nous doutions que ces préjugés étaient erronés, il est appréciable d’avoir une étude officielle sous le coude afin de redorer un peu l’image de notre média préféré.
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